
Je suis psychologue et j’interviens au domicile d’une famille dans le cadre de séances psycho-éducatives auprès de 3 enfants (dont 2 enfants autistes).
Cet article, co-rédigé avec les parents, a pour objectif de vous partager notre expérience dans la gestion des troubles du comportement d’un jeune pré-adolescent autiste, non verbal, âgé de 9 ans.
Le matériel utilisé est un exemple afin de vous donner des idées. Il est important d’adapter les tableaux et les visuels en fonction du niveau de compréhension de votre enfant.
Barthélémy est non verbal, il communique essentiellement avec des mots-phrases. Très sensible, il réagit fortement dès qu’un bébé ou un enfant pleure. Il crie, pleure et peut même se rouler par terre. Comme pour beaucoup d’enfants autistes, il a beaucoup de difficultés à gérer sa frustration en cas de refus ou d’échec.
Les crises de Barthélémy ont commencé à être plus fréquentes durant l’été 2018. Au moment de la rentrée, nous nous sommes questionnés sur la cause de ses crises : changements dans son emploi du temps, routine bousculée par les vacances scolaires, rythme de travail différent (psychomotricité, orthophonie et suivi psycho-éducatif interrompus durant les vacances), changement de classe, d’institutrice et d’AVS à la rentrée,... Il y avait donc plusieurs facteurs pouvant expliquer les troubles du comportement. Mais les parents de Barthélémy pensaient qu’il y avait autre chose. Nous nous sommes alors questionnés sur la pré-adolescence, car Barthélémy a grandi d’un coup et il avait quelques petits boutons sur le visage. Cela impliquait donc un bouleversement hormonal entraînant un changement de comportement.
Barthélémy entrait dans la période de l’adolescence, à l’âge de 9 ans. Elle s’accompagnait parallèlement d’une forte opposition (dit non, ne veut plus travailler, veut tout faire tout seul,…), avec son lot de difficultés qui entravait les apprentissages. Il y avait de plus en plus de crises à la maison mais également à l’école. Barthélémy cherchait à contrôler son environnement.
Afin d’enrayer le plus rapidement possible ces crises (plus c’est précoce, mieux c’est, pour ne pas qu’elles s’installent dans la durée), il est primordial de renforcer la collaboration parents/ professionnels.
En effet, tous les intervenants ont suivi les recommandations des parents de Barthélémy. La mère du jeune garçon s’est formée aux méthodes comportementale et développementale et sait ce qui convient le mieux pour son fils :
Nous avons renforcé le cadre et le contrôle instructionnel
Il s’agit de faire comprendre à votre enfant que les colères, les cris et les pleurs ne marchent pas avec vous, tout en étant conscient que lorsque votre enfant réagit comme cela, il tente de communiquer avec vous, dans un monde qui lui paraît tout sauf cohérent (R.K. Kaufman).
Nous avons mis en place différentes stratégies afin de faire diminuer les crises de Barthélémy :
Nous avons supprimé tous ses renforçateurs (trop stimulants pour lui) durant 2 jours (ce laps de temps doit être court) afin qu’il se calme. Dès qu’il fut plus calme et qu’il respectait le cadre, ses renforçateurs lui ont été rendu un par un.
Dès qu’une crise apparaissait, nous l’isolions dans une pièce qui le rassurait (sa chambre ou la chambre des parents), là où il se sent en sécurité et nous attendions qu’il se calme (la crise pouvait durer jusqu’à 2 heures). En faisant cela, nous voulions lui apprendre à s’auto-réguler. Il est très difficile pour les parents d’entendre leur enfant crier et surtout de l’isoler, mais il est nécessaire de le faire car il ne faut surtout pas que votre enfant prenne l’habitude de se comporter comme ça. Plus la crise est enrayée tôt, plus les comportements problèmes s’effacent. A 9 ans, nous pouvons encore agir sur le comportement, à 20 ans cela est beaucoup plus compliqué de changer les mauvais comportements bien ancrés dans le quotidien. Hélas, certains parents abandonnent et culpabilisent de faire vivre cela à leur enfant. Même si c’est difficile, ne lâchez rien, pensez à votre enfant et à son futur !
Lorsque cette crise arrivait dans un lieu public, nous faisions sortir Barthélémy du lieu et l’emmenions dans la voiture. Dans ce cas, il faut arriver à faire abstraction du regard des gens, sur vous et sur votre enfant, qui le jugent comme étant « mal élevé », ou faisant un « caprice », car la plupart d'entre eux ne connaissent pas l’autisme et les troubles du comportement.
En cas d’opposition, quand Barthélémy disait « non » pour venir travailler, nous lui répétions la question avec la réponse « oui maman ». Il devait obéir à la consigne donnée par les parents ou les intervenants.
Pour le calmer, nous lui avons appris à prendre de grandes respirations. Cela est possible pour les enfants qui savent le faire.
Nous lui avons fait un visuel avec les gestes pour être calme en classe : mains sur la table, pieds au sol, pas de bruit... (voir les photos ci-dessous, veuillez nous excuser pour les fautes d'orthographe, la maman de Barthélémy est cambodgienne, et en cours d'apprentissage du français).

Un visuel pour être calme avec les intervenants

Les parents lui faisaient également écouter de la musique classique (reconnue pour son effet apaisant). Ex. : Canon de Pachelbel, Aria de Bach, la lettre à Elise de Mozart, …

Pour les colères, la maman de Barthélémy a réalisé un « escalier de la colère » pour l’aider à comprendre ses émotions (photo ci-dessus). Celui-ci est adapté pour Barthélémy, vous pouvez également en trouver d’autres sur Pinterest et le dessiner pour votre enfant
Nous avons également réalisé un tableau de comportement, pour lui apprendre à bien se comporter dans différents endroits et à la maison.


En cas de crise, il faut réagir rapidement. Le pic a duré une semaine ½ à partir du moment où nous avons mis en place les différentes stratégies. Durant cette semaine, nous avons tous travaillé en collaboration afin de contrôler le cadre. Un cadre ferme mais bienveillant est sécurisant pour les personnes autistes, il permet de diminuer leurs angoisses.
De plus, au moment de l’adolescence, il est important d’accorder à votre enfant des temps libres, tout en gardant un œil attentif sur ses différentes activités.
Même si les crises sont déstabilisantes, il ne faut rien lâcher…l’avenir de votre enfant est important, il faut voir sur le long terme !
Ces crises ne doivent pas durer. Et rappelez-vous que les troubles du comportement ne sont pas dirigés contre vous, votre enfant tente de communiquer avec vous, mais il ne sait pas comment faire. Il a besoin de vous, apprenez-lui, montrez-lui le bon comportement à adopter.
Il est nécessaire d’être persévérant !
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons ravis de pouvoir vous aider.
Corinne & la famille de Barthélémy